REPORTAGE et photos de Lionel Flageul journaliste le marin
Reprise de l'article avec le texte intégral que je n'ai pas eu l'autorisation de partager directement sur mon site et ma page facebook
Pêche professionnelle et techniques de la pêche de loisir
C'est peu dire que les relations entre les deux mondes sont « compliquées », voir carrement houleuses...Les pratiques des chalutiers pélagiques, en hiver, ont longtemps été dénoncées par les amateurs de la pêche au bar, qui y voyaient surtout un prélèvement beaucoup trop important, en période de reproduction, mettant à mal leur espèce favorite. Quand les pros s'indignaient, de leur côté, du « black fish » de certains plaisanciers, faux amateurs, qui au final, peuvent prélever autant sinon plus qu'eux...Les réseaux sociaux se font toujours l'écho de cette incompréhension mutuelle.
Juste un constat, toutefois. La pêche de loisir a mis au point des techniques de pêche à la canne et aux leurres artificiels, que de nombreux ligneurs pros ont adopté, à leur grande satisfaction. Cela a pu coïncider, aussi, localement, avec la fin des pêcheurs spécialisés dans l'appat vivant, comme le lançon, un must pour le bar.
Depuis 25 ans, Daniel Nicolet guide les amateurs de pêche de loisir, avec toujours autant de passion et pédagogie. Embarquement au petit matin du 23 août, à Port Louis, en face de Lorient.
Ce n'est pas l'équipage qui l'inquiète ce matin, mais ce satané vent d'est, qui s'est levé dans la nuit. Les clients du jour de Daniel Nicolet sont des habitués, il sait que tout va bien se passer avec eux. Après avoir embarqué Alain Jupin au nouveau port de plaisance de la Pointe, à Port Louis, Daniel, guide de pêche professionnel, connu comme le loup blanc, ou plutôt « le loup bar » dans le milieu, traverse rapidement la rade de Lorient, le jour se lève. Lucas Rigaud, de Queven, et Roman Perrette, de Guidel, deux amis lycéens, sont évidemment au rendez vous, au port de Kernevel, impatients d'en découdre. Ils grimpent à leur tour dans le Cap Camara Beneteau, très stable, tagué de marques commerciales comme une voiture du tour de France. Rappel des consignes de sécurité, et route pêche. Embarquement aujourd'hui au port de kernevel à Larmor Plage, ou à Port louis au port de la pointe
Pas besoin de pousser les 115 chevaux du Mercury Sea pro, le premier spot de pêche est tout proche. Peu de paroles, les fameuses cannes rouges japonaises, en carbone, les Tenryu ( 590 € pièce et plus ), aux sensations uniques, sont déjà en action, chacun lançant loin de son voisin, qu'il ne s'agit pas d'éborgner ! Et l'adrénaline monte vite à bord, quand les premiers bars montent sur les leurres de surface, avec de belles gerbes. Pour les pêcheurs de bar plaisanciers, cette subtile technique de pêche au leurre de surface, c'est le Graal. Il peut y avoir des sorties euphoriques, magiques, avec plus de 80 bars logés, à coup de triplés. Mais le vent a fraîchi l'eau en surface, le labrax ne se bouscule pas sur les leurres profilés. Roman en ferre un beau, toutefois, aussitôt remis à l'eau, sans même que la question se pose, tellement la pratique est devenue courante, avec Daniel.
« Quand j'ai commencé à guider, il fallait beaucoup plus argumenter, surtout avec les anciens... » se rappelle le solognot d'origine, arrivé à Quiberon avec sa famille à l'âge de 8 ans. « Mais les pratiques ont vraiment évolué, il y a de moins en moins de viandards, et le no-kill s'est généralisé, grâce aux jeunes. Et avec moi, 2 bars maximum, c'est 2, et 42 cm, c'est 42, ceux qui veulent remplir le congélo iront voir ailleurs... » poursuit Daniel, pas du genre à fermer les yeux sur les dérapages. « Tu ne vas pas avec lui pour charger du poisson, mais pour apprendre » confirme Alain, qui s'offre quelques sorties annuelles, depuis longtemps. « Et tu progresses, vraiment, il te fait franchir un cap. Il est dans le don, il a cette pédagogie du sens de l'eau, qui n'est pas donné à tous les guides, seulement bons techniciens » témoigne encore ce cadre supérieur, responsable du développement de la région ouest au CTIF (Centre Technique Industriel de la Fonderie, premier partenaire de Bretagne Pôle Naval). Pour ce douarneniste d'origine, qui a usé ses culottes courtes à pêcher des digues du Rosmeur, avec ses potes d'école, la transmission du savoir de Daniel est exemplaire, et il apprécie sa tranquillité, sa simplicité.
« Alain, applique-toi dans tes lancers, ils vont tout à dreuz là ! » lance Daniel à celui qui est devenu un véritable ami, après 10 ans de sorties régulières. Aussitôt, Alain, parti au milieu de la nuit de Rennes, s'applique. Et le résultat ne tarde pas, sur une tête de roche, un magnifique bar aux reflets sombre est sorti, avec un leurre Asturie Patchinko. Photo souvenir, lou ravis de circonstance, mais sans forcer sur le grand angle, comme c'est souvent le cas sur les couvertures des nombreux magazines de pêche de loisir, qui vous transforment un modeste bar en bestiau de 10 kg...La surenchère visuelle a tendance, aussi, à fleurir, sur les sites de certains guides de pêche.
L'Helix 10 d'Humminbird est idéal, pour les passages en dérive sur les têtes de roche, pil-poil, souvent fructueux. Ce petit bijou de sondeur-traceur GPS est distribué par Navicom, l'autre sponsor principal de Daniel, avec Ultimate Fishing. Des ligneurs pros commencent aussi à s'en équiper.
Exemple de détection de chasse de bars sur Hélix cette photo n'est pas celle de ce reportage
Lucas vient de repérer une belle chasse de sternes, Daniel va aussitôt diriger le bateau dessus, plein gaz .Sécurité d'abord ! Chacun à son poste, à proximité du Magoüero. Daniel, aux commandes, prêt à bondir sur une chasse, ou changer de poste. Inutile d'insister, ça mord tout de suite, ou pas…
Daniel se tient loin de tout ce « reuz » (bruit en breton). Il est présent sur les réseaux sociaux, mais avec modération, sans emphase. A le voir bondir, dès la première chasse de volaille, au petit matin, comme aux premiers jours, quand il allait pêcher, tout gosse, avec son père sur la côte sauvage de Quiberon, sa passion est intacte. La flamme dans ses yeux turquoise est toujours là. Publicitaire de métier, à l'office de tourisme de Vannes, sa passion dévorante pour la pêche de loisir l'avait incité à créer, en parallèle, une activité de guide de pêche professionnelle. Devenu free-lance avec son ancien employeur, pour mieux gérer son temps (le matin en mer, et l'après midi, la pub…), Daniel a rapidement été repéré par des entreprises comme Rigaud-Rapala (fabricant breton de leurres), puis Ultimate Fishing, Navicom. Qui le sponsorisent, et l'intègrent dans leur staff pro, c'est à dire qu'ils lui fournissent du matériel, qui peut être assez couteux, comme les cannes, moulinets, électronique embarquée. D'où le côté homme-sandwich, bateau tagué, et vestiaire complet siglé. Il teste aussi pour eux du nouveau matériel, participe à leur mise au point, invente de nouveaux leurres.
Les attractants peuvent faire la différence sur des poissons difficiles
En contrepartie, être agréé par ces entreprises, leaders du marché de la pêche plaisance, permet à Daniel une belle visibilité, et la venue de nombreux clients, rassurés par sa compétence, et ses résultats. Il a pris sa retraite de publicitaire à 60 ans, et depuis 7 ans, se consacre uniquement à son métier de guide de pêche, un métier-passion. Qui peut faire rêver des jeunes, comme Lucas, qui s'y verrait bien ! Mais Daniel l'encourage autant qu'il met en garde :« Lucas a de réelles dispositions, il m'impressionne. Il est bien parti, mais le chemin est encore long, et il y a du monde maintenant, nous sommes une bonne vingtaine de guides de pêche pro dans le Morbihan, notamment dans le golfe, abrité du vent, plus facile pour guider. Nous n'étions que 3 à mes débuts de guidage ». L'été qui s'achève a été compliqué pour Daniel, avec une météo capricieuse, obligeant à annuler de trop nombreuses sorties, et une grosse panne mécanique, heureusement vite réparée. L'année commence seulement au printemps, à Pâques, puisqu'il est impensable pour lui de pêcher du bar- l'espèce cible principale de la pêche plaisance en mer- les trois premiers mois de l'année, même en no-kill, période de frai oblige. Mais à 67 ans, papy Daniel a encore beaucoup à donner !
Tous bien concentrés sur les premières dérives, car c'est souvent sur celles ci que les poissons attaquent
Le « Morgan » est un ancien Cap Camara, très recherché en occasion.Trapu,
mais suffisamment confortable pour Daniel et trois pêcheurs
C'est Roman, le moins expérimenté, qui a logé le premier bar, à peine arrivé sur zone, au grand dam de son pote Lucas, et d'Alain, un peu vexés...Daniel est venu à la rescousse, avec l'épuisette, et le conseille pour décrocher le poisson sans le blesser, avant de le relâcher.
Ici poisson gardé on coupe la queue du bar
« Le Loup Bar » est le nom de l'entreprise de Daniel, auto-entrepreneur. Joli jeux de mot, mais pas de hooliganisme, tous les poissons gardés sont immédiatement marqués, selon la réglementation
Siret: 34079769500038 Carte pro numéro 05609ED0279 membre de la Fédération Française des Moniteurs Guides de Pêche
Diplômé Guide de Pêche, Jeunesse et Sport, obtenu en V.A.E (Valorisation des Acquis de l'Expérience)
Tarifs 180 € par pêcheur, en matinée ou soirée
Coaching personnalisé, 430 €/jour
Voir www.leloupbar.fr
Réglementation
Au sud du 48 iè, 2 bars maximum, de 42 cm minimum, par pêcheur, par jour, toute l'année
Au nord, un seul.
Ultimate Fishing, basé à Belle île en mer, distributeur de matériel de pêche japonais